Dr. Germaine-Alice WAKEM – Une résilience qui pousse à l’admiration

𝐏𝐨𝐮𝐯𝐞𝐳-𝐯𝐨𝐮𝐬 𝐧𝐨𝐮𝐬 𝐩𝐚𝐫𝐥𝐞𝐫 𝐝𝐞 𝐯𝐨𝐭𝐫𝐞 𝐩𝐚𝐫𝐜𝐨𝐮𝐫𝐬 𝐚𝐜𝐚𝐝𝐞́𝐦𝐢𝐪𝐮𝐞 𝐞𝐭 𝐩𝐫𝐨𝐟𝐞𝐬𝐬𝐢𝐨𝐧𝐧𝐞𝐥 𝐝𝐚𝐧𝐬 𝐥𝐞𝐬 𝐒𝐓𝐄𝐌?

J’ai commencé mes études à l’école publique de kansum bandenkop. Après l’obtention de mon CEPE, j’ai été admise au CES de Bandenkop. J’y ai progressé normalement jusqu’en 3ème et même si je n’ai pas réussi le BEPC d’un coup, j’étais déjà plus à l’aise avec les SVT, MATHS, CHIMIE… par rapport aux autres matières. J’ai donc été orientée en seconde C puis en première D car les SVT (Sciences de la Vie et de la Terre) me passionnaient plus et à l’époque, vu que j’avais pour rêve de devenir médecin. J’ai également échoué le probatoire la première fois (je raconte les détails afin que mes jeunes petites sœurs ne pensent pas que reprendre une classe est synonyme de ne pas aller loin avec ses études car chacun à son parcours) ensuite, j’ai obtenu mon Baccaleauréat D avec une mention assez bien.

Lorsque je pars, du village, mon professeur de SVT me dit « si jamais tu vas en fac, alors inscris-toi en Biologie Végétale« . Ce que j’ai fait sans me poser de questions. Il faut noter qu’avant d’avoir le BAC, mes rêves avaient changé et je voulais faire gestion d’entreprise, mais faute de moyen je me suis inscrite à l’Université de Yaoundé I en septembre 2010.

Trois années plus tard, j’obtiens la Licence en Biologie Végétale. J’insiste auprès de ma famille pour qu’elle me finance un Master professionnel, mais peine perdue. Ce qui me fait passer une année blanche. Ensuite je reviens m’inscrire en Master 1 option biotechnologies végétales et je soutiens mon Master en Mai 2017. Directement je suis sélectionnée en thèse et environ un an après, Dieu me fait intégrer un projet avec le CIRAD (que je profite pour remercier) qui m’a permis de réaliser ma thèse jusqu’à soutenir en Janvier 2025.

𝐐𝐮’𝐞𝐬𝐭-𝐜𝐞 𝐪𝐮𝐢 𝐯𝐨𝐮𝐬 𝐚 𝐦𝐨𝐭𝐢𝐯𝐞́ 𝐚̀ 𝐩𝐨𝐮𝐫𝐬𝐮𝐢𝐯𝐫𝐞 𝐮𝐧𝐞 𝐜𝐚𝐫𝐫𝐢𝐞̀𝐫𝐞 𝐝𝐚𝐧𝐬 𝐜𝐞 𝐝𝐨𝐦𝐚𝐢𝐧𝐞?

Comme je l’ai dit plus haut, depuis le secondaire, je m’en sortais déjà mieux dans les matières scientifiques que littéraires. Ensuite, je me suis inscrite en Biologie Végétale sous conseil de mon prof.

Mais une fois commencé, j’étais très captivée par tout ce qui avait réellement trait aux plantes. Car ayant vécu proche de ces êtres toute mon enfance et mon adolescence, je pouvais enfin comprendre ce qui se passait réellement sur le plan physiologique, les besoins des plantes… Une fois en Master, j’ai été encore plus impressionnée avec la découverte des Biotechnologies qui offre un large spectre d’application dans le domaine végétal. Ce spectre de la biotechnologie me fascine tellement car je n’aime pas être monotone. Je suis une personne qui aime découvrir, apprendre et pratiquer de nouvelles choses.

𝐐𝐮𝐞𝐥𝐬 𝐬𝐨𝐧𝐭 𝐥𝐞𝐬 𝐝𝐞́𝐟𝐢𝐬 𝐚𝐮𝐱𝐪𝐮𝐞𝐥𝐬 𝐯𝐨𝐮𝐬 𝐚𝐯𝐞𝐳 𝐞́𝐭𝐞́ 𝐜𝐨𝐧𝐟𝐫𝐨𝐧𝐭𝐞́𝐞 𝐞𝐧 𝐭𝐚𝐧𝐭 𝐪𝐮𝐞 𝐟𝐞𝐦𝐦𝐞 𝐝𝐚𝐧𝐬 𝐥𝐞𝐬 𝐒𝐓𝐄𝐌? 𝐂𝐨𝐦𝐦𝐞𝐧𝐭 𝐥𝐞𝐬 𝐚𝐯𝐞𝐳-𝐯𝐨𝐮𝐬 𝐬𝐮𝐫𝐦𝐨𝐧𝐭𝐞́𝐬?

En tant que femme, le principal défi a été de pouvoir concilier ma vie de famille et la recherche. Lorsque je m’inscris en Master, une grossesse s’en suit quelques mois après, j’avais 25 ans et je n’étais pas mariée.

Entre les cours, les TP et TD ce n’était pas facile et il fallait éviter d’avoir une note éliminatoire (inférieur à 12/20) qui pourrait m’empêcher d’aller en Master 2. A un moment, j’ai voulu arrêter pour revenir un an plus tard, mais ayant déjà laissé une année après la Licence, je me suis dit intérieurement, vas- y, tu peux le faire.

Par la grâce de Dieu, j’ai eu la note qui me permettait de postuler pour le Master 2. J’accouche pendant les vacances et malheureusement je perds le bébé. J’étais complètement déstabilisée et désorientée, je ne savais plus quoi faire. Mais un jour, couchée dans mon lit entrain de pleurer comme d’habitude, une petite voie me dit, si tu es vivante, tu n’as pas le droit d’abandonner. Tu aurais pu t’en aller comme ton bébé. Mais tu es là, en très bonne santé comme si rien ne s’était passé ; Dieu a un plan pour toi. Depuis ce jour, j’ai décidé de me relever et de continuer à marcher. Je m’inscris donc en Master 2 et je soutiens en Mai 2017.

Lorsque je m’inscris en thèse, je tombe à nouveau enceinte un an plus tard alors que j’avais des travaux de terrain de prévu, j’avais les analyses au laboratoire et les données à analyser. Je travaillais tard les soirs et parfois même très tôt le matin, à 4h par là. Malheureusement pour moi, mon compagnon ne comprenait pas grand-chose. Quelques semaines après la naissance du bébé (en 2019), mon directeur m’appelle pour me demander comment je comptais m’organiser pour la suite. Je compris par-là que mon congé de maternité n’avait duré que quelques semaines il fallait retourner au travail. Le bébé a donc été gardé par une nounou pendant que moi je travaillais au campus et je continuais le soir à la maison. Étant dans un projet, la pression était très forte malgré que les choses aient stagné pendant un moment faute de moyen car localement, les analyses coûtaient très chères et il fallait trouver une alternative. Mon équipe et  moi y travaillions. En 2020, j’obtiens une bourse qui me permettait d’aller effectuer mes analyses en France mais avec le COVID, le voyage fut renvoyé en 2021. Une fois en France, la pression était extrême, j’avais accès au labo uniquement 2 à 3 jours par semaine et les autres jours c’était le confinement. Je n’avais que 4 mois et en plus il fallait respecter le couvre-feu. Je finis donc mon séjour avec les résultats satisfaisants et je commence à traiter les données. Mais à mon retour, mon compagnon m’avait quitté, et l’enfant devait commencer avec l’école. Ce n’est pas facile de s’en sortir toute seule entre préparer l’enfant pour l’école maternelle, se préparer soi-même pour sortir ensemble, récupérer l’enfant le soir, faire la cuisine et ses devoirs et surtout qu’il doit aller au lit à temps.

C’est donc dans ces conditions que ma thèse a été rédigée en grande partie. Trois ans plus tard, je tombe enceinte de mon deuxième bébé qui naît deux mois avant la soutenance. Passé la journée à s’occuper du bébé pour attendre ses heures de sommeil dans la nuit avant de travailler n’est pas du tout évident. C’est dans ces conditions que j’ai préparé ma présentation pour la soutenance et que je continue d’avancer. Car au moment où je rédige ces lignes, il est 23h et ça fais une semaine que j’ai soutenu. Aujourd’hui j’ai 35 ans et je suis fière de mon parcours. Je n’ai pas encore atteint l’objectif visé mais je suis reconnaissante pour ce que j’ai pu accomplir jusqu’à présent.

𝐐𝐮𝐞𝐥𝐥𝐞𝐬 𝐬𝐨𝐧𝐭 𝐥𝐞𝐬 𝐚𝐯𝐚𝐧𝐜𝐞́𝐞𝐬 𝐥𝐞𝐬 𝐩𝐥𝐮𝐬 𝐩𝐚𝐬𝐬𝐢𝐨𝐧𝐧𝐚𝐧𝐭𝐞𝐬 𝐨𝐮 𝐥𝐞𝐬 𝐩𝐫𝐨𝐣𝐞𝐭𝐬 𝐥𝐞𝐬 𝐩𝐥𝐮𝐬 𝐢𝐧𝐭𝐞́𝐫𝐞𝐬𝐬𝐚𝐧𝐭𝐬 𝐝𝐚𝐧𝐬 𝐯𝐨𝐭𝐫𝐞 𝐝𝐨𝐦𝐚𝐢𝐧𝐞 𝐚𝐜𝐭𝐮𝐞𝐥𝐥𝐞𝐦𝐞𝐧𝐭?

Une des principales missions de la Biotechnologie Végétale étant l’amélioration des plantes, aujourd’hui on assiste au séquençage rapide et à moindre coût de l’ADN des plantes qui permet d’identifier les gènes responsables des caractéristiques intéressantes et d’accélérer la sélection de nouvelles variétés aboutissant sur les variétés à haut rendement, résistante aux maladies et ravageurs, résistantes au stress hydrique et salin…en fonction des objectifs fixés dans le projet de sélection.

Les Biotechnologies Végétales ont égalemlent permis de mettre sur pieds des systèmes de phytoremédiation et phytoépuration des sols et des eaux pollués afin de préserver notre environnement.

𝐂𝐨𝐦𝐦𝐞𝐧𝐭 𝐯𝐨𝐲𝐞𝐳-𝐯𝐨𝐮𝐬 𝐥’𝐚𝐯𝐞𝐧𝐢𝐫 𝐝𝐞𝐬 𝐒𝐓𝐄𝐌? 𝐐𝐮𝐞𝐥𝐬 𝐬𝐨𝐧𝐭 𝐯𝐨𝐬 𝐩𝐫𝐞́𝐝𝐢𝐜𝐭𝐢𝐨𝐧𝐬 𝐬𝐮𝐫 𝐥𝐞𝐬 𝐝𝐨𝐦𝐚𝐢𝐧𝐞𝐬 𝐪𝐮𝐢 𝐜𝐨𝐧𝐧𝐚𝐢̂𝐭𝐫𝐨𝐧𝐭 𝐮𝐧𝐞 𝐜𝐫𝐨𝐢𝐬𝐬𝐚𝐧𝐜𝐞 𝐬𝐢𝐠𝐧𝐢𝐟𝐢𝐜𝐚𝐭𝐢𝐯𝐞 𝐞𝐭 𝐪𝐮𝐞𝐥𝐬 𝐝𝐞́𝐟𝐢𝐬 𝐝𝐞𝐯𝐫𝐨𝐧𝐭 𝐞̂𝐭𝐫𝐞 𝐫𝐞𝐥𝐞𝐯𝐞́𝐬

A mon avis, tous les domaines STEM connaîtront une avancée significative. Notamment avec l’avènement de l’IA qui semble s’appliquer à tous les domaines. Le plus grand défi sera de pouvoir se former constamment pour assurer les mises à jour de telles  applications afin de suivre la mouvance.

𝐐𝐮𝐞𝐥𝐬 𝐜𝐨𝐧𝐬𝐞𝐢𝐥𝐬 𝐝𝐨𝐧𝐧𝐞𝐫𝐢𝐞𝐳-𝐯𝐨𝐮𝐬 𝐚̀ 𝐮𝐧𝐞 𝐣𝐞𝐮𝐧𝐞 𝐟𝐢𝐥𝐥𝐞 𝐪𝐮𝐢 𝐞𝐧𝐯𝐢𝐬𝐚𝐠𝐞 𝐝𝐞 𝐩𝐨𝐮𝐫𝐬𝐮𝐢𝐯𝐫𝐞 𝐮𝐧𝐞 𝐜𝐚𝐫𝐫𝐢𝐞̀𝐫𝐞 𝐝𝐚𝐧𝐬 𝐥𝐞𝐬 𝐒𝐓𝐄𝐌?

Mon conseil pour toute jeune fille serait de croire en elle et d’avancer quoi qu’il arrive. Même si tout semble bloqué, fais ce que tu dois faire pour bouger les lignes. Sois constante dans tes actions et attend patiemment les résultats. Ne te compare pas à qui que ce soit. Tu es née seul, et ton histoire est unique alors écris là à ta façon. Tu es plus forte que ce que tu crois, alors prends ton courage et fonce.

Tu peux le faire. Répète ceci chaque fois que les obstacles se présenteront : « je peux le faire ». J’aimerais surtout dire à mes jeunes sœurs de bien choisir leur compagnon de vie, car rien d’autre ne peux détruire la vie d’une personne comme un mauvais mariage.

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