Pourquoi les emplois STEM sont si rares en Afrique ?

Chers lecteurs et lectrices, comme promis nous revenons cette semaine avec un article qui nous aiguille sur les raisons du retard de l’Afrique (ou de quelques pays africains) dans les domaines et les métiers des STEM.

Introduction

Les gouvernements africains tentent de créer davantage d’emplois dans les domaines des STEM en promouvant l’enseignement des STEM, en encourageant davantage de personnes à étudier dans ces domaines et en offrant des salaires compétitifs. Cependant, le nombre d’emplois dans les domaines des STEM reste très limité en Afrique. Plusieurs éléments expliquent cela. Il peut s’agir d’un manque de développement dans le domaine des sciences et des technologies, une forte compétitivité des domaines STEM et le fait que les étudiants africains n’ont souvent pas la possibilité d’étudier à l’étranger ou d’acquérir les compétences nécessaires pour rivaliser avec d’autres étudiants de différents pays. Une autre raison serait le faible PIB des pays africains qui limite la création des emplois à tous leurs citoyens. Le taux de chômage élevé dans de nombreux pays africains est un frein à la création des emplois. Par ailleurs, une grande partie des personnes qui possèdent les compétences nécessaires pour travailler dans le domaine des STEM quitte généralement leur pays pour aller travailler à l’étranger. Il en résulte une pénurie de travailleurs qualifiés dans ces domaines en Afrique.

Manque de développement dans le domaine des sciences et des technologies en Afrique

Selon un rapport de l’Union Africaine, seulement 35% des étudiants africains choisissent de poursuivre des études dans le domaine des STEM, comparé à 50% dans les autres régions du monde. En outre, le nombre de chercheurs en STEM en Afrique est extrêmement faible, avec seulement 70 chercheurs pour 1 million d’habitants en Afrique, contre 1680 chercheurs pour 1 million d’habitants en Europe. Ce manque de développement dans les STEM a des répercussions importantes sur les perspectives de développement économique et social du continent. Les raisons de ce manque de développement sont multiples : une éducation insuffisante, des problèmes de financement, un manque d’infrastructures adéquates, une faible motivation des étudiants et un manque de formation des enseignants, un manque d’investissement, une fuite des cerveaux vers d’autres pays entre autres.  

Les pays africains ont souvent des économies en développement et des systèmes éducatifs peu développés, ce qui limite leur capacité à investir dans la recherche scientifique et technologique. Le manque d’investissement dans ces domaines a des conséquences négatives sur la capacité de l’Afrique à se développer économiquement et à relever les défis auxquels elle est confrontée, tels que la pauvreté, le sous-développement et le changement climatique. Les avancées en matière de science et de technologie sont des facteurs clés pour le développement économique, social et environnemental des pays. Cependant, de nombreux pays africains ont du mal à suivre le rythme des évolutions technologiques en raison de problèmes tels que le manque d’infrastructures, de financements et de ressources humaines qualifiées.

Il est tout de même important de souligner que des progrès sont en train d’être réalisés grâce à des initiatives telles que l’augmentation des investissements dans les STEM, le renforcement des partenariats public-privé et l’amélioration des programmes de formation des enseignants.

Difficulté pour les étudiants africains de réaliser des études à l’étranger

Les étudiants africains font face à de nombreux défis lorsqu’ils cherchent à étudier à l’étranger. En effet, seulement 13% d’étudiants africains ayant obtenu leur diplôme de fin d’études secondaires ont accès à l’enseignement supérieur. Selon les statistiques, seulement 1,4% des étudiants enregistrés dans les établissements d’enseignement supérieur dans le monde sont originaires d’Afrique. De plus, 60% des étudiants africains ayant obtenu leur diplôme universitaire sont obligés de travailler pour subvenir à leurs besoins de base. 

Le coût des études est souvent élevé et les possibilités de bourses d’études sont souvent limitées. On note également des difficultés pour ces étudiants à trouver des bourses d’études et des prêts étudiants pour financer leurs études à l’étranger. En outre, les barrières linguistiques peuvent être un obstacle important pour les étudiants qui ne maîtrisent pas la langue d’enseignement. Les différences culturelles peuvent également rendre l’adaptation difficile. Les étudiants africains doivent souvent faire face à des stéréotypes négatifs ou à des préjugés, ce qui peut entraîner une discrimination et une exclusion sociale. De plus, les coûts de la vie sont également très élevés, ce qui signifie que les étudiants doivent souvent travailler à temps partiel pour payer leurs études, ce qui peut affecter leurs performances académiques. Enfin, il y a également des contraintes administratives telles que l’obtention de visas et les autorisations nécessaires pour travailler pendant les études ou après l’obtention du diplôme.

Malgré ces défis, de nombreux étudiants africains continuent de poursuivre leurs rêves d’étudier à l’étranger en utilisant des bourses d’études et en cherchant des options de financement alternatives.

Faible PIB des pays africains

Le PIB (produit intérieur brut) est souvent utilisé comme mesure de la réussite économique d’un pays. Malheureusement, de nombreux pays africains ont un PIB relativement faible, ce qui peut avoir un impact négatif sur la création d’emplois pour tous les citoyens. En moyenne, le PIB par habitant en Afrique est d’environ 1 900 dollars, soit 5 fois moins que la moyenne mondiale. Il est de plus de 35 000 $US par personne en Europe. De plus, ces chiffres cachent souvent de grandes disparités entre les pays les plus riches et les plus pauvres d’Afrique. Le Nigéria, la plus grande économie d’Afrique, a un PIB d’environ 400 milliards de dollars, tandis que la Somalie, l’un des pays les plus pauvres du continent, a un PIB d’à peine 2 milliards de dollars. Le PIB/habitant moyen de la région subsaharienne est inférieur à 500 dollars US, ce qui est environ 20 fois moins que le PIB/habitant moyen des pays développés.

En outre, seulement cinq pays africains (la Guinée équatoriale, les Seychelles, l’île Maurice, le Gabon et le Botswana) ont un PIB par habitant supérieur à 15 000 dollars US selon le Classement de 2016. Sans un PIB élevé, il peut être difficile pour les gouvernements de financer des programmes d’emploi et des investissements dans les secteurs économiques tels que l’agriculture, l’industrie manufacturière et les technologies de l’information. Cela signifie que de nombreux jeunes diplômés africains peuvent avoir du mal à trouver un emploi dans leur domaine de compétence, ce qui peut avoir des conséquences négatives sur leur bien-être et leur qualité de vie. On note également que l’investissement dans la recherche et le développement en Afrique ne représenterait que 0,5 % du PIB de l’Afrique, contre une moyenne mondiale de 2,2 %.

Pour surmonter ce défi, les pays africains peuvent travailler sur l’amélioration de leur PIB en investissant dans des secteurs économiques clés, en encourageant l’entrepreneuriat et en travaillant à réduire les obstacles à l’investissement étranger. Cela pourrait aider à stimuler la création d’emplois et à offrir des opportunités à tous leurs citoyens.

Fuite des cerveaux en Afrique

La fuite des cerveaux est un problème majeur en Afrique. Cela fait référence au phénomène où les travailleurs qualifiés tels que les médecins, les ingénieurs et les enseignants quittent leur pays d’origine pour travailler à l’étranger, souvent dans des pays développés. Cela entraîne une perte de personnel qualifié dans les pays d’origine, ce qui peut avoir un impact négatif sur leur économie, leur système de santé et leur éducation. La fuite des cerveaux est souvent due à des opportunités de carrière limitées, des salaires bas et un manque d’infrastructures adéquates dans les pays d’origine.

Selon les chiffres de l’Organisation pour la coopération économique et le développement (OCDE), un scientifique africain sur dix exercerait dans un pays de l’organisation. On estime à environ 450 000 le nombre de migrants africains titulaires d’un diplôme supérieur, contre 375 000 pour la Chine. Les pays africains les plus concernés par cette fuite des cerveaux sont le Zimbabwe (43 %), la Maurice (41 %), et la République du Congo (36 %). Pour ce qui est de la compétitivité des pays, le Burundi est considéré comme le pays le moins capable de conserver ses meilleurs professionnels selon le rapport du World Economic Forum de 2014; viennent ensuite l’Algérie, la Mauritanie, le Tchad et la Guinée.

Pour lutter contre la fuite des cerveaux, les gouvernements africains doivent investir dans l’éducation et la formation, offrir des salaires compétitifs et créer des opportunités de carrière attrayantes pour leurs travailleurs qualifiés.

Forte compétitivité des domaines STEM en Afrique

Certains gouvernements africains (cf précèdent article : https://shesteminafrica.com/les-stem-en-afrique/) reconnaissent l’importance des STEM pour le développement économique et ont donc investi dans l’éducation scientifique et technologique. Les programmes universitaires offerts dans ces domaines sont de plus en plus populaires et les entreprises locales et internationales sont à la recherche de talents africains pour combler leurs besoins en main-d’œuvre qualifiée. Cela a conduit à une augmentation des salaires et des avantages pour les professionnels dans ces domaines dans les pays d’Afrique concernés.

Les domaines STEM ont connu une croissance rapide en Afrique, avec un certain nombre de chiffres qui mettent en évidence leur forte compétitivité dans la région. Selon l’Union Africaine, le taux de croissance annuel du secteur des TIC (Technologies de l’Information et de la Communication) en Afrique est d’environ 15%, comparé à une moyenne mondiale de 7%. En outre, l’Afrique compte actuellement plus de 22 000 start-ups technologiques, ce qui représente une augmentation de 60% au cours des quatre dernières années. En termes d’enseignement supérieur, les universités africaines ont également connu une croissance rapide dans les domaines des sciences et de la technologie, avec un taux de croissance annuel moyen de 8,2% pour les diplômes en STEM, soit plus du double de la moyenne mondiale. Ces chiffres témoignent de l’importance croissante des domaines STEM en Afrique, qui sont de plus en plus perçus comme clés de voûte pour le développement économique et social de la région.

 Cependant, il y a encore un long chemin à parcourir pour que ces domaines soient accessibles à tous en Afrique, en particulier pour les jeunes filles et les femmes. Cela nécessite une éducation et une sensibilisation accrues sur les carrières STEM pour encourager la diversité et l’inclusion dans ces domaines et ainsi favoriser le développement économique durable en Afrique. L’augmentation de la compétitivité des domaines STEM en Afrique est donc une excellente nouvelle pour le continent car cela apportera des solutions innovantes pour les défis de développement et contribuera à stimuler la croissance économique et le bien-être des populations.

Conclusion 

Nous constatons bien que des efforts sont faits par de nombreux pays africains dans le but de promouvoir les carrières dans les STEM. Cependant, il est encore difficile de trouver des emplois dans le domaine des STEM en Afrique, principalement à cause d’un manque de financement et d’intérêt pour ces carrières. Malgré ces obstacles, il existe tout de même de nombreuses opportunités dans le domaine des STEM en Afrique. A cet effet, notre prochain article traitera des améliorations qui seraient utiles pour une meilleure adoption et implication des STEM en Afrique.

Merci d’avoir lu cet article !

N’hésitez pas à nous faire part de vos suggestions et questions via contact@shesteminafrica.com.

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